Téléchargez l’article au format PDF
Nicolas DELBERT
Chargé du pôle Sensibilisation - Information, Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de la Haute-Garonne (CAUE 31)
De la source de la Garonne, située au cœur des Pyrénées, à la plaine toulousaine, en passant par le piémont commingeois et les coteaux du Volvestre, une étonnante palette de paysages s’offre à nous. Ils ont été façonnés par le couple Pyrénées – Garonne. Les territoires ainsi traversés par la Garonne témoignent des interactions entre le fleuve, le relief et les activités humaines, qu’elles soient industrielles, urbaines ou agricoles…
PYRÉNÉES
Saint-Béat en 1948
Le verrou de Saint-Béat, sur lequel la Garonne et les glaciers se sont heurtés, a induit le creusement d’un étroit passage. Les humeurs changeantes de la Garonne torrentielle, dans un contexte accidenté, ont incité les sociétés à ne pas s’installer durablement sur le fond de vallée en aval du goulot de Saint-Béat.
Saint-Béat de nos jours
Le développement des boisements en pied de versants et fonds de vallées “ferment” de nombreux espaces et rendent la perception des paysages plus difficile. Certaines activités industrielles perdurent, d’autres sites sont reconvertis ou restent en friche. Les infrastructures routières et le développement urbain sont en nette progression.
COMMINGES – CONTREFORT PYRÉNÉEN
Roquefort / Boussens jusqu’au XIXe siècle
Situé au passage étroit traversant les petites Pyrénées, cet endroit où Garonne chemine en pied de coteau justifie la présence, au Moyen Âge, du château de Roquefort. Le port de Roquefort fût un lieu clé dans l’acheminement des marchandises qui transitent depuis les vallées pyrénéennes jusqu’à Toulouse. Jusqu’au XIXe siècle., le paysage est caractérisé par une occupation essentiellement agricole autour des deux villages. Les versants des petites Pyrénées sont ouverts, entretenus.
Roquefort / Boussens dans les années 1960
Avec l’arrivée du chemin de fer, fin du XIXe siècle, l’activité économique, qui reposait sur les ports commerciaux et le transport des marchandises par les radeliers, subit une profonde mutation au profit d’activités industrielles (usine de dégazolinage en 1948, usine chimique Sidobre- Sinnova, cimenterie Lafarge…). Le parcellaire agricole est remembré en surfaces cultivées plus grandes et plus adaptées au travail mécanique de la terre. Les coteaux sont peu à peu délaissés et se boisent progressivement.
Roquefort / Boussens de nos jours
À la suite de l’arrivée de l’autoroute A64 dans les années 1970, les autres voies de communication se réaménagent et s’intensifient (RD, pont, etc.) pour faciliter les dessertes habitées et économiques. Les dynamiques urbaines se déploient sur la plaine de la Garonne. Le boisement du coteau se poursuit, jusqu’à laisser seulement une vue sur la ruine du château de Roquefort.
VOLVESTRE – PIÉMONT PYRÉNÉEN
Cazères en 1942
Avec la construction de bateaux, l’industrie du transport fluvial a marqué l’histoire de Cazères jusqu’en 1948. Historiquement, les marchandises (bois, glace, pierres…), issues pour la plupart des Pyrénées, étaient ici transbordées des radeaux sur des gabarres, les radeaux étant plus adaptés au régime torrentiel du fleuve, en amont de Cazères. La plupart des marchandises étaient acheminées jusqu’à Toulouse (port Garaud), d’autres jusqu’à Bordeaux. D’un point de vue urbanistique, la ville, située en promontoire, surplombait le large lit de la Garonne, et ses rives durent être progressivement consolidées et aménagées avec la canalisation de l’Hourride, affluent de la Garonne.
Cazères de nos jours
Avec la création du barrage de Labrioulette, la “transformation” du fleuve en plan d’eau paisible a bouleversé les rapports au fleuve, devenu cadre récréatif et de contemplation. Certains anciens Cazériens considèrent d’ailleurs la Garonne comme “morte”, sans courant ni fluctuation comme auparavant. Malgré son développement en agglomération vers l’A64, la ville se tourne aussi vers les activités touristiques et de loisirs, en aménageant ou changeant d’usages les espaces publics et certains anciens bâtiments patrimoniaux en bord de Garonne, tel le hangar Atoch, ancien chantier naval, devenu de nos jours « Maison de la Garonne ».
MURETAIN – LA CONFLUENCE GARONNE – ARIÈGE
Portet / Pinsaguel / Confluence en 1950
De tout temps, le territoire de la confluence a été le support d’activités humaines où la Garonne et l’Ariège étaient fréquemment utilisées comme axes de transport de biens et de marchandises entre les Pyrénées et le bassin toulousain. Le caractère inondable, lié à une forte dynamique fluviale, a façonné un territoire marqué par le commerce et la navigation fluviales, l’exploitation des alluvions du lit mineur, l’agriculture et la sylviculture dans les ramiers.
Portet / Pinsaguel / Confluence de nos jours
Le secteur de la confluence conjugue aujourd’hui des occupations et usages très hétérogènes, entre enjeux de développement urbain, usages récréatifs, protection de milieux et d’espèces, gestion des risques naturels, préservation et valorisation du cadre de vie, activités agricoles, friches industrielles… Cette conjugaison, en pleine agglomération toulousaine, permet d’arpenter des espaces tout autant passionnants qu’exigeants à administrer.
©Les bobines du paysage – CAUE 31
Contenu additionnel :
Réalisée par le CAUE 31, la démarche Autres Garonnes offre un regard sur le fleuve en déclinant divers outils de sensibilisation et de médiation : expositions, carnets de voyage, ateliers pédagogiques, balades commentées, et même une application smartphone en réalité augmentée, “Archistoire Autres Garonnes” : https://www.les-caue-occitanie.fr/haute-garonne/autres-garonnes